Mon parcours professionnel atypique et ses avantages #3

Evaluations écrites

Enseignante : mon parcours professionnel atypique et ses avantages #3

Comment d’un parcours scolaire ordinaire, j’ai débouché sur un parcours professionnel atypique ? Dans ces articles, je vous montre qu’un tel parcours ouvre des portes inattendues. Que notre route n’est pas toute tracée et qu’il est important d’écouter ses envies. 

Cet article fait suite à : « Mon parcours atypique et ses avantages #2« . Vous y découvrirez mon début de parcours d’enseignante et les questions qu’il a soulevées, principalement sur la posture de l’enseignant. C’est le 7e article sur 52 de mes défis blog

 Être là avant la « rupture »

Je voulais être là avant la « rupture ». Avant que les jeunes soient dans la rue et livrés à eux-mêmes. Sans outils pour avoir le choix. Le choix de reprendre des études, de trouver un apprentissage, de suivre des cours, de pratiquer leur passion ou même de rester dans la rue.

Lorsque c’est un choix, les situations ne sont plus vécues de la même façon.

Afin de donner aux jeunes des outils et plus de moyens pour qu’ils puissent avoir d’autres choix avant la rue, j’ai choisi de devenir enseignante. Ainsi, je pouvais les accompagner avant la « rupture scolaire ».

 Reprendre des études

reprendre études

Au départ, je voulais faire des études d’enseignement spécialisé, car j’avais à coeur d’accompagner les enfants en difficultés dans le système scolaire classique.

Je n’avais pas les diplômes requis pour y entrer. Je devais d’abord faire le cursus classique d’enseignant ordinaire en 3 ans à temps plein ou en 5 ans à temps partiel.

Alors c’est parti pour trois années à plein temps !

♦ Comment financer ses études ?

Je ne suis pas de nature dépensière et j’avais fait pas mal d’économies. J’ai donc puisé dans mon compte en banque. Pour compléter, j’ai continué à travailler comme responsable nautique dans un lieu d’accueil libre pour adolescents.

♦ Est-ce que j’étais la plus vieille de la classe ?

La majorité des étudiants avaient entre 20 et 24 ans. J’en avais 10 de plus. Mais je n’étais pas la plus vieille. D’autres « vieux » avaient décidé de se reconvertir professionnellement dans l’enseignement.

Vieille femme

Bien que l’âge ne fasse pas la maturité, on ne voit pas les études de la même façon à 32 ans. Et la mémoire n’est déjà plus la même, sûrement par manque d’entraînement 🙂

Contrairement aux études de vétérinaire, les études pédagogiques ne représentent pas autant d’apprentissages par coeur, ce qui était bienvenu.

Le plus difficile a été la rédaction de mon mémoire. Cet exercice est beaucoup trop cadré et rébarbatif pour moi. La recherche était, par contre, vraiment intéressante, car j’ai décidé d’étudier la collaboration entre enseignants spécialisés et enseignants ordinaires. Une façon de voir le rôle que j’aurais eu si j’avais fait les études d’enseignement spécialisé.

 Voyager de l’autre côté du monde

Après mes études, nous sommes partis, avec mon compagnon, en Nouvelle-Zélande. Pour partir aussi loin, il nous fallait plusieurs semaines de vacances. Son métier ne le lui permettait qu’en hiver. Le mien me permet cela uniquement en été. Entre mes études et un engagement fixe, c’était le bon moment pour voyager au pays des kiwis.

Nouvelle-Zélande

Nous en avons donc profité pour visiter ce pays magnifique au sud-est de l’Australie.

 Un parcours d’enseignante atypique

Dans « Mon parcours atypique et ses avantages #2 » je vous écrivais que j’aime le changement. Cela sera confirmé à travers mon parcours d’enseignante.

1 – Un remplacement inattendu et déroutant en 1P

À notre retour, j’ai cherché un long remplacement et j’en ai trouvé un à 50% avec des 1P (4-5 ans). Moi qui avais étudié plus spécifiquement l’enseignement pour les 8-12 ans, cela était assez inattendu de me retrouver avec des si petits.

Mon plus grand étonnement fut les évaluations. Des évaluations pour des enfants de 4 ans ! La maîtresse m’a montré un classeur pour chaque élève plein de fiches d’évaluation. Nous n’étions qu’au milieu de l’année scolaire !

Evaluations écrites

Un des élèves était particulièrement agité et mettait en danger les autres enfants par ses actes. Il tapait même les adultes. À lui seul, il me demandait les 80% de mon attention. Ce qui n’était pas facile dans une classe de plus de 20 élèves.

Certains enfants s’insultaient, d’autres se disaient « nuls ». Lors de ce remplacement, mon questionnement sur le système scolaire ne fut que plus intense. Comment des élèves peuvent être aussi mal dans leur peau, à 4 ans déjà ?

Bien que l’environnement familial soit un facteur très important pour le bien-être d’un enfant, je me demandais quelle part pouvait avoir l’école sur le mal-être ou le bien-être d’un enfant.

Manifestement, ce système ne convenait pas à tous les enfants. Ce qui était sûr, c’est qu’il ne correspondait pas à l’idée que je me faisais d’une classe d’enfants de 4-5 ans.

Aujourd’hui, 5 ans après, j’ai eu la chance de voir d’autres façons d’enseigner à l’école publique, bien plus respectueuses des besoins de l’enfant. Mais cela demande de savoir prendre de la liberté tout en restant dans le cadre. Je peux vous dire que ce n’est pas facile et qu’avec les moyens que l’on a en sortant des études, il est difficile de faire différemment.

2 – Voltigeuse ou titulaire complémentaire pour les 8-12 ans

Pour ma première rentrée en tant qu’enseignante, j’ai fait de la voltige !

J’ai accepté un poste qui venait d’être créé et que peu de monde voulait : des horaires discontinus, pas de classe attitrée, des matières imposées. Ce poste s’appelle aujourd’hui « titulaire complémentaire », un terme plus professionnel que « voltigeur ». Ces deux termes résument bien le métier : on voltige entre les classes en passant de l’une à l’autre dans la même journée (voir d’école en école) et on complète l’horaire des enseignants dans une ou deux matières. Pour moi, c’était les sciences et l’anglais.Voltige

C’est un poste qui demande de l’adaptabilité. Il faut s’adapter à chaque classe et surtout à chaque fonctionnement de classe, même s’il ne correspond pas à vos valeurs. Si l’on souhaite faire autrement, il est difficile, en 2h heures par semaine de mettre en place un fonctionnement différent. D’autant plus que les élèves sont principalement avec leur enseignant le reste du temps. C’était aussi la première année où ce poste voyait le jour. Ce qui était complètement nouveau pour les élèves. Ils n’en avaient même pas entendu parler par les « plus grands », comme c’est le cas aujourd’hui.

Actuellement, ce poste est tenu par une enseignante qui reçoit les élèves dans une classe à part. Elle peut aménager sa classe comme elle le souhaite et mettre en place le fonctionnement qui lui convient.
Ainsi, ce sont les élèves qui entrent dans la classe de l’enseignant et non l’enseignante qui rentre dans la classe des élèves. Dans un système scolaire où le maître est encore vu comme supérieur à l’élève, cela fait une grande différence !

Cessons d’être des maître(sse)s !

Le mot maître vient du temps de l’esclavage pour désigner une personne qui a le pouvoir et le droit absolu de se faire obéir de quelqu’un. Ne trouvez-vous pas qu’on devrait arrêter d’utiliser ce terme à l’école ?

Maître

Même si l’enseignante « voltigeuse » reçoit les élèves dans sa propre classe, ce n’est pas pour autant un poste facile. À l’école primaire, les élèves tissent des liens avec leur enseignant. Chaque enseignant complémentaire (là aussi il faudrait changer le terme) à plus de difficulté à se faire accepter. Si vous avez déjà fait quelques remplacements, vous savez de quoi je parle.

Cela me questionne énormément !

Je pense que le rapport adultes-élèves actuel à l’école primaire est grandement responsable de ces situations. Je sens un rapport de force avec le maître qui sait et l’élève qui doit écouter. Les enfants ont pourtant autant de choses à nous apprendre que nous ! Selon moi, la posture de l’enseignant doit changer pour se mettre à partager avec l’élève et non partager à l’élève. C’est-à-dire que le partage va dans les deux sens et non uniquement de l’enseignant à l’élève.

Je sais bien qu’il existe des classes où c’est le cas. Elles sont malheureusement encore trop rares. Le nombre d’enseignants ayants la volonté d’avoir un autre rapport avec les élèves est plus importante que le nombre de ces classes. Par contre, ces derniers me disent ne pas se sentir prêts ou ne pas avoir les moyens. Je l’ai vécu également lors de ma seconde année d’enseignement dans une classe à 100%.

Je vous en parlerai dans le prochain épisode 🙂 : « Mon parcours atypique et ses avantages #4″

Avantages d’un parcours atypique dans l’enseignement

L’avantage d’avoir fait plusieurs métiers est aujourd’hui indéniable. Cela est grandement valorisé dans les entreprises et également par les directeurs d’école. Vous aurez ainsi une vision plus large de la vie active et pourrez la partager avec vos élèves.

Alors si vous souhaitez vous reconvertir dans l’enseignement. N’hésitez pas ! Vos expériences seront un avantage pour vous et vos élèves.
Et si vous savez que vous êtes fait pour ça dès le départ, je vous encourage à faire des petits jobs (rémunérés ou non) qui vous permettront de découvrir d’autres milieux professionnels que celui de l’école.

Une fois dans l’enseignement, je trouve important de savoir ce que représente le travail de ses collègues. Ceux qui enseignent dans d’autres degrés scolaires, ceux qui enseignent d’autres matières, ceux qui font de la médiation ou de la voltige 🙂

Comment ?

  • Demandez à changer de poste.
  • Remplacez dans diverses classes et divers postes avant d’intégrer un poste fixe.
  • Faites des échanges de pratique : échanger vos classes avec un collègue pour quelques heures ou quelques jours (à faire en accord avec votre hiérarchie et les parents).
  • Observer dans la classe d’un collègue.
  • Créer des moments de discussion afin d’échanger sur vos pratiques respectives.

Discussion CNV

Et si vous discutez, faites-le en mode girafe de la CNV 😉

Qu’en pensez-vous ?

FeedbackQue ressentez-vous à la lecture de cet article ? Je suis consciente que cela soulève beaucoup de questionnements. Alors à vos clavier 🙂

yoga théâtre
Vanessa Beauverd
Fondatrice d'Ecole & Bien-être et créatrice des Ateliers E&B
Ex-enseignante primaire et éducatrice ados
"C'est en étant bien avec soi-même que l'on peut être bien avec les autres et le monde.
Apprendre à se connaître est la première étape."
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