Enseignement & cerveau des enfants : maintenant on sait !

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Enseignement & cerveau des enfants

Que retenir du film « Le Cerveau des enfants » ? #2

Et c’est parti pour le troisième article d’une série de quatre sur les informations importantes que transmet ce film, mais également sur ce qui peut être mis en doute par les chercheurs en neurosciences eux-mêmes. J’y ajoute des propos tenus par Catherine Guéguen et Olivier Houdé invités lors d’une émission radio sur le film.

Dans cet article, je vous écris ce qui me semble essentiel à retenir quand on est enseignant.

Parce qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas !

C’est le 19e de mon défi blog.

Qu’est-ce que l’intelligence ?

Howard Gardner parle d’intelligences multiples. C’est-à-dire que l’intelligence ne se réduit pas à résoudre des calculs mentaux ou écrire un texte sans faute d’orthographe. Il en décrit 9 : linguistique, logic-mathématique, spatiale, intra-personnelle, interpersonnelle, corporelle-kinesthésique, musicale, naturaliste et existentielle ou spirituelle.

Piaget disait que « l’intelligence de l’enfant est la forme optimale dans le monde de l’adaptation biologique« . Olivier Houdé rappelle cette définition en ajoutant qu’être intelligent, c’est s’adapter à son environnement et être créatif. Pour nous adapter, nous avons besoin d’inhiber nos automatismes, nos résistances cognitives et de sortir de nos habitudes. Des habitudes que l’école nous inculque, dit-il.

Intelligences multiples

Dire à un enfant qu’il est intelligent ne rend pas service à son cerveau

Les croyances façonnent l’architecture de notre cerveau. Carol Dweck, professeur de psychologie à l’Université de Stanford, explique ceci :

Selon notre éducation et notre culture, nous pouvons avoir différentes croyances sur le cerveau.
Celle d’un CERVEAU FIXE ou d’un CERVEAU ÉVOLUTIF.

Développement d’un état d’esprit fixe

Dire à un enfant qu’il est intelligent, le féliciter pour sa facilité à l’école aura bien comme conséquence de lui donner confiance en lui, mais à court terme. Par contre, lorsqu’il se retrouvera face à une difficulté, sa confiance s’ébranlera très fortement.

Il pensera, nous dit Carole Dweck, ne pas avoir besoin de travailler pour réussir. Il pourrait également penser ne pas avoir le droit à l’erreur, voire qu’elle est honteuse et qu’on ne le considérera plus comme intelligent s’il en commet une.

Développement d’un état d’esprit évolutif

En ayant un état d’esprit de croissance, l’enfant est persuadé que l’on peut tous et tout apprendre, d’autant plus en essayant et en se trompant. La croyance d’un cerveau évolutif permet à l’enfant de construire une solide confiance en lui et de maintenir sa créativité.

Lorsqu’on ne juge pas un enfant (positivement ou négativement). Lorsque l’on valorise ses essais-erreurs. Quand on l’accompagne pour faire de ses erreurs des tremplins d’apprentissage. On l’aide à avoir un état d’esprit évolutif.

Valoriser l’erreur pour stimuler la créativité des enfants

En France (et en Suisse), l’erreur n’est généralement pas encouragée en société.

« Dans le doute, abstiens-toi ! » Une expression qui montre bien notre tendance à dévaloriser l’erreur.

Personnellement, je me reconnais lorsque j’entends la réalisatrice du film, Stéphanie Brillant, dire qu’on hésite à lever la main tant qu’on n’est pas sûr de la bonne réponse. Et je pense que plusieurs enfants réagissent ainsi. C’est pourquoi il est essentiel d’encourager l’essai-erreur et non de la stigmatiser.

Stigmatisation

source : http://ludinet.fr/bart-bonnet-dane/

Aux États-Unis, cela est bien différent et on le ressent à l’école, mais également dans l’entrepreneuriat. J’ai pu découvrir que, dans la culture américaine, les essais qui ont abouti à des échecs sont valorisés. Si vous avez monté plusieurs projets qui n’ont pas abouti, il faut le mettre dans votre CV, car cela démontre votre persévérance et votre proactivité.

En France ou en Suisse, mieux vaudrait ne pas le mentionner, car l’échec est encore mal vu et une faillite est jugée négativement.

Le fait de valoriser l’erreur permettra au cerveau de l’enfant d’intégrer qu’il est adéquat d’essayer et de se tromper. Il pourra donc être bien plus créatif qu’un enfant qui ne veut surtout pas faire d’erreurs.

Expliquer le fonctionnement du cerveau aux enfants

Le cerveau dans la main de Daniel Siegel

Dans le film, Daniel Siegel nous montre « le cerveau dans la main« . Une façon simple d’expliquer le fonctionnement du cerveau aux enfants.

cerveau dans la main

J’ai écrit un article à ce propos avec une vidéo de démonstration. Je ne vais donc pas vous en reparler ici, mais vous propose d’aller lire l’article correspondant.

La plasticité neuronale

En un an, le cerveau des enfants passe de 400g à 1kg ! Il est 10x plus complexe que le réseau internet mondial.

La plasticité neuronale est la capacité que possède le cerveau à se transformer soit en créant de nouvelles connexions (les synapses), soit en éliminant les connexions qui ne sont plus utilisées et en renforçant celles qui le sont (les autoroutes neuronales).

Cela est bien expliqué dans cette vidéo :

Vous pouvez également lire cet article qui s’inspire d’une vidéo de Céline Alvarez.

Catherine Guéguen ajoute un point qui me touche particulièrement depuis que je suis maman :
La plasticité neuronale commence in utero et il est donc primordial de s’occuper avec bienveillance des femmes enceintes 🙂

Que de l’affirmatif avec vos élèves !

Stéphanie Brillant explique, lors de l’émission radio, que de dire à un enfant « ne fait pas ci ou ça » va le stresser. Je transforme son exemple pour l’adapter à la classe.

Si vous dites à un élève : « Ne regarde pas ton camarade », il va être stressé et va penser uniquement à ne pas tourner sa tête en direction de son camarade plutôt qu’à ce que vous êtes en train de lui montrer. Alors que si vous lui dites : « Regarde attentivement comment j’écris ce mot », son cerveau sera réceptif à ce que vous lui montrez et capable d’apprendre.

Cerveau et négation

Le cerveau ne comprend pas la négation

J’ajoute que le cerveau ne comprend pas la négation. C’est-à-dire que dans la consigne « Ne regarde pas ton camarade », le cerveau va retenir « Regarde ton camarade ». Cela mettra donc l’enfant dans un conflit interne (en état de stress) entre le fait qu’il soit incité à regarder son camarade d’un côté et interdit de le faire d’un autre.

Vous pouvez vous-même faire l’expérience. Si je vous dis : « Ne pensez pas à un éléphant rose » ! Voilà que vous imaginez cet éléphant. C’est votre inconscient qui vous a envoyé l’image alors que consciemment vous aviez très bien compris qu’il ne fallait pas y penser 😉

Il est possible d’enseigner les mathématiques sans consigne écrite.

Imaginez le soulagement pour les élèves qui ont de la difficulté avec la lecture, de pouvoir apprendre les mathématiques uniquement avec des expériences et sans consigne écrite ! Cela permettrait de diminuer grandement les inégalités qu’il existe lorsque le français est nécessaire à la compréhension du problème posé.

Hyperbole

Dans le film, vous verrez comment expliquer une notion mathématique visuellement grâce à Matthew Petterson. Comme l’hyperbole avec une lampe de poche.

Quelles activités peut-on faire à l’école pour aider le développement du cerveau ?

Le film montre deux exemples d’activités. Il a été prouvé scientifiquement qu’elles aident à la maturation du cerveau.

– La pratique régulière de la musique, à raison de 5 à 7 heures par semaine.

Margaret Martin a créé l’Harmony Project of America qui est présenté dans le film, pour illustrer cela.

– La méditation.

Je vous propose de la partager avec vos élèves en classe dans cet article : Méditation en classe enfantine : Comment l’amener et la gérer ?

Méditation enfant

Un regard différent sur son enseignement

Après avoir lu cet article et les autres sur le cerveau des enfants, peut-être portez-vous un regard différent sur votre enseignement.

Pour moi, connaître ces informations, me donne envie de transformer encore plus mon enseignement, afin d’être au plus proche des besoins de l’enfant.

Et vous ? Dites-moi ce que cela vous apporte 🙂

Dans le prochain article, je vous donnerai des compléments intéressants. Ils ont été amenés par Solange Denervaud et Adrien Chopin, chercheurs en neurosciences et sciences cognitives, suite à l’avant-première du film. Vous apprendrez aussi les mythes sur le cerveau que véhicule ce film. Et je vous expliquerai les scènes que j’ai moins appréciées et pourquoi.

A tout bientôt,

 

 

yoga théâtre
Vanessa Beauverd
Fondatrice d'Ecole & Bien-être et créatrice des Ateliers E&B
Ex-enseignante primaire et éducatrice ados
"C'est en étant bien avec soi-même que l'on peut être bien avec les autres et le monde.
Apprendre à se connaître est la première étape."

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