Enseignant et cerveau des enfants
Que retenir du film « Le Cerveau des enfants » ? #1
Voici le deuxième article d’une série de quatre sur les informations importantes que transmet ce film, mais également sur ce qui peut être mis en doute par les chercheurs en neurosciences eux-mêmes. J’y ajoute des propos tenus par Catherine Guéguen et Olivier Houdé invités lors d’une émission radio sur le film.
Vous êtes un élément essentiel au bien-être des élèves. Prenez soin de vous !
C’est le 18e article de mon défi blog.
Prendre soin de soi pour prendre soin du cerveau des enfants
Vous souhaitez le bien-être des enfants à l’école ? Pensez d’abord au vôtre !
Pourquoi ? Parce que les enfants ressentent notre état d’ETRE !
Il est donc important d’être bien avec soi-même afin de pouvoir permettre aux enfants de l’être.
C’est exactement pour cela, que je vous écris dans plusieurs de mes partages :
Votre bien-être fait le bien-être de vos élèves !
Nous n’avons pas besoin de parler ni de faire quoi que ce soit pour que les enfants ressentent ce qu’on essaie parfois de leur cacher : une grande fatigue, une tristesse et aussi une joie intense.
Avez-vous remarqué que vos élèves (et vos enfants si vous êtes parents) arrivent à appuyer sur des petits boutons qui vous font réagir ? Ce sont des spécialistes pour nous faire travailler ce que nous ne voulons pas voir chez nous. Et d’ailleurs, ce n’est pas pour rien que vous avez la classe que vous avez 😉
J’ai eu deux années de suite un élève qui m’a fait travailler sur des points sensibles. Sur le moment, c’était difficile. Aujourd’hui, je le remercie. Nous avons tous les deux évolué et apporté à l’autre.
Des enseignants bienveillants pour un bon développement du cerveau des enfants !
Les relations que l’enfant a avec des personnes de référence vont conditionner les réponses de son cerveau à son environnement.
Une personne de référence est celle qui est le plus souvent avec l’enfant. C’est généralement la maman ou le papa, mais vous savez également que vous pouvez être cette personne de référence pour un temps, selon le contexte familial. Certains élèves vous voient plus que leurs parents.
Le test du marshmallow
Dans le film, Stéphanie Brillant montre une expérience très connue : le test du marshmallow. Les enfants doivent faire preuve de patience pour avoir deux marshmallows au lieu d’un. Certains résistent, d’autres pas. Cela dépend de la capacité qu’ils ont à inhiber leur envie de manger cette guimauve.
La partie avant du cerveau qui se développe à partir de 5-6 ans, le cortex préfrontal, est responsable de ce contrôle inhibiteur. C’est celui-ci qui permet de se concentrer sur une tâche et de réfléchir avant d’agir (d’être moins impulsif), par exemple.
Catherine Guéguen, pédiatre particulièrement intéressée aux neurosciences, rappelle ce que disent les nombreuses recherches en neurosciences : il est essentiel que l’enfant côtoie des parents et des enseignants bienveillants et emphatiques, afin de développer leur cerveau de façon optimale.
Voici 6 clés pour devenir un enseignant empathique : Enseigner avec empathie
Chaque attitude non empathique, comme des humiliations, fait sécréter du cortisol (hormone du stress) qui abîme les structures neuronales.
Le test du marshmallow – deuxième volet
Dans le film, nous pouvons voir le deuxième volet du test. Il prouve que les enfants ayant eu des relations avec des personnes fiables, ont un plus fort contrôle inhibiteur.
Vous pouvez voir ce deuxième volet du test dans cette vidéo (en anglais).
Si vous prouvez aux enfants qu’ils ont raison de vous faire confiance. Que vous faites ce que vous dites :
Vous contribuez au développement optimal de leur cerveau.
Le cerveau des enfants n’est pas capable de gérer les émotions comme celui d’un adulte
Réagir à une crise par des menaces, des punitions ou de l’ignorance ne sert à rien et est même contre-productif pour le développement du cerveau.
« Il faudrait réagir à chaque « tempête émotionnelle » de l’enfant comme s’il s’était blessé physiquement« , explique Tina Payne Bryson, dans le film. C’est à dire avec empathie, bienveillance et chaleur. »
Pour comprendre ce qu’est une émotion et pourquoi les enfants ne peuvent pas les gérer comme nous, je vous propose de lire cet article : Ecole et émotion : le cerveau dans la main
Ici, je souhaite ajouter une question que vous vous posez peut-être :
Que faire si j’ai blessé verbalement un élève ?
Il arrive parfois que nous manquions également de contrôle inhibiteur et que nous disions des paroles que l’on peut regretter.
Et c’est déjà le premier pas de se rendre compte que nos paroles ont pu être blessantes.
Je pense qu’il est important, du moment où l’on a dit quelque chose que l’on regrette, de s’excuser envers l’élève. Même si c’est le lendemain qu’on en prend conscience.
C’est aussi ainsi que vous pourrez être légitime en demandant des excuses à un élève qui ne se sera pas adressé à vous avec respect.
Un attachement sécurisé avec l’enseignant
L’attachement est essentiel au développement du cerveau. Catherine Guéguen nous indique qu’un attachement sécurisé avec un enseignant va permettre au cerveau cognitif et affectif de se développer harmonieusement. L’enseignant a un rôle capital en comprenant les émotions de l’enfant et en y répondant de façon fiable.
Olivier Houdé, explique que le cerveau fait presque des calculs statistiques pour déterminer le nombre de fois où il aura une réponse fiable et bienveillante ou non de la part d’autrui. Selon les calculs faits par un cerveau, la réaction à un événement ne sera pas la même. En humiliant un élève, lorsqu’on stigmatise son erreur par exemple, on le bloque émotionnellement et contribue à son insécurité cognitive et affective. Ce qui aura des répercussions négatives sur ses apprentissages !
La construction du cerveau de l’enfant dépend de son environnement
Vous l’aurez compris. Selon l’environnement, le contexte social et les stimulations cognitives, la construction du cerveau varie. Le cerveau des bébés est programmé pour apprendre, mais encore faut-il, nous dit Olivier Houdé, leur fournir un environnement propice à l’apprentissage comme proposé par des pédagogies du type Montessori ou Freinet.
Cet article peut vous intéresser : La liberté pédagogique à l’école publique : 7 clés pour y accéder
Laisser le cerveau des enfants tranquille
« S’ennuyer » ou plutôt laisser son esprit vagabonder, rêver est essentiel. Il permet à l’enfant (et à l’adulte ;-)) de se construire intérieurement.
Dans le film, nous pouvons voir des images d’un cerveau en train de « rêvasser ». Celui-ci est plus actif que lorsque nous faisons une activité ou que notre attention est dirigée sur quelque chose de spécifique.
Prenez quelques minutes par jour pour « ne rien faire » d’autre que laisser votre cerveau s’activer comme il le souhaite. Sans le contrôler.
Essayez 🙂
Éteignez votre ordinateur ou votre smartphone et laissez-vous aller.
Si vous revenez ensuite par ici, laissez-moi un commentaire pour me dire comment vous avez vécu ce moment 🙂
À bientôt,