Parcours professionnel atypique et avantages #1
Comment d’un parcours scolaire ordinaire, j’ai débouché sur un parcours professionnel atypique ? Dans ces articles, je vais vous montrer qu’un tel parcours ouvre des portes inattendues. Que notre route n’est pas toute tracée et qu’il est important d’écouter ses envies.
Voici le premier volet de mon « parcours professionnel atypique et avantages » et le 2ème article sur 52 de mes défis blog. Je me suis décidée à publier un texte qui était à l’état de brouillon jusqu’ici lorsqu’on m’a demandé « un petit article sur tes expériences et ta vision de l’enseignement public. » Bon, il n’est pas petit et je tente de transmettre ma vision de l’enseignement public à travers ces articles (paragraphes mis en évidence). Pensez à me laisser vos commentaires si vous avez des questions ou demandes de sujet ici.
♦ Un parcours scolaire ordinaire
J’ai un parcours professionnel atypique et j’ai pourtant commencé bien banalement en faisant mes études à l’école primaire et j’ai continué jusqu’au diplôme universitaire : école primaire, puis secondaire et post-obligatoire.
♦ Les étiquettes et la pression sociale dès l’école primaire
Petite, je ramassais les vers de terre sur le sol mouillé et les déposaient dans l’herbe pour qu’ils ne se fassent pas écraser ;-). Et là ! C’était bon ! On m’a posé l’étiquette de « sauveuse des animaux » et je deviendrai donc vétérinaire. Est-ce que j’y avais déjà songé moi-même ou est-ce que j’ai pris pour vrai l’image que mon entourage se faisait de moi ? Je ne sais pas. Mes souvenirs sont un peu flous. Par contre, aujourd’hui, je sais que c’était beaucoup trop tôt pour dire que j’allais faire tel ou tel métier. J’aurais préféré qu’on ne me demande pas ce que je voulais faire, mais simplement ce que j’aimais.
Selon moi, on catégorise bien trop vite les enfants dans des métiers alors qu’ils sont en train de découvrir le monde. Et peut-être même qu’ils feront un métier qui n’existe pas encore au moment où on leur pose la question : « Qu’est-ce que tu veux faire comme métier plus tard ? »
Durant mes études secondaires, on m’a dit de suivre une filière littéraire alors que je voulais aller dans la scientifique. On m’a dit que cela serait mieux pour les études de vétérinaire, car j’apprendrai le latin. J’ai fait ma première année en littéraire et même si mes notes étaient bonnes, je voulais bifurquer en scientifique parce que c’est ce qui me plaisait. Mon professeur principal à tenter de m’en dissuader parce que j’avais des bonnes notes ! Quel argument ! Autant dire que mon avis, il s’en fichait. A l’âge de 12 ans, j’ai dû m’affirmer auprès de mon professeur pour aller dans cette filière à laquelle j’avais droit. Avec le recul, je dois vous dire que j’en suis assez fière aujourd’hui.
Comment des enseignants peuvent se targuer de savoir mieux que les élèves ce dont ils ont envie ? Souhaitons-nous en faire des bons petits soldats qui font ce qu’on leur dit sans état d’âme ? J’espère bien que cette époque est révolue et qu’aujourd’hui les enseignants permettent à leurs élèves de rêver leur vie et non de devoir choisir un métier parfois bien réducteur compte tenu de leurs potentiels.
♦ Je « devais » devenir vétérinaire
Je me suis ensuite, comme « prévu », lancée dans des études de vétérinaire en allemand. Pourquoi en allemand ? Parce qu’en Suisse, les deux seules universités de médecine vétérinaire sont en Suisse-allemande. J’ai appris cette langue dès l’école primaire, mais comme beaucoup d’autres étudiants suisses romands en ont fait l’expérience, on ne sait toujours pas parler allemand après 5 à 9 ans de cours.
J’ai vraiment apprécié ces études, car la médecine est passionnante. J’adore apprendre et d’autant plus savoir comment fonctionne notre corps et celui des animaux : comment communiquent les différents organes entre eux, quels rôles ils ont dans notre corps, comment ils se régénèrent … Mais ce n’était pas un métier que je voulais faire. C’était bien l’apprentissage qui me passionnait et non d’être vétérinaire.
Des tentatives pour changer d’études
Dès lors, j’ai voulu changer d’orientation. Je voulais devenir enseignante de sport ou physiothérapeute. Alors, en fin de deuxième année d’étude vétérinaire, j’ai appelé ces écoles et demandé si elles reconnaissaient une partie des cours que j’avais faits en commun avec les médecins.
Les deux premières années, nous avions les mêmes cours que la médecine humaine (sauf pour l’anatomie). Il était donc, pour moi, légitime de ne pas devoir assister, à nouveau, à certains cours que j’avais déjà suivis.
mais …
Rien! Les deux écoles me demandaient de recommencer les études avec tous les cours du programme.
J’avais fait beaucoup d’efforts pour arriver à suivre des leçons et passer des examens dans une langue étrangère. De plus, la période des évaluations était à la fin de l’été. Nous devions donc étudier pendant que la plupart de nos amis étaient en vacances. Comme les études me passionnaient et que je ne voulais pas que mes efforts « n’aient servi à rien », je les ai terminées afin d’avoir le diplôme.
Je pensais, à cette époque, que les diplômes étaient indispensables. Et je n’étais de loin pas la seule. Actuellement, j’ai de nombreux exemples autour de moi, qui me prouvent le contraire. Bien entendu, il est indispensable d’avoir les compétences nécessaires pour soigner des animaux ou des êtres humains. Mais, en ayant moi-même suivi des études de vétérinaire, je peux vous dire que les 80% de la formation sont (ou étaient car ils ont changé le programme) dans des livres (ou sur internet). Ce qui forme vraiment au métier de vétérinaire (et à celui d’enseignant) c’est la pratique et la remise en question de cette dernière.
♦ Ma réelle passion
Une passion que je ne voulais pas qu’étudier, mais aussi exercer était sous mes yeux. Je ne m’en rendais pas compte, car comme toute passion, lorsqu’on la réalise, on n’a pas l’impression de travailler et l’on n’imagine pas qu’elle puisse être source de revenus.
Dès mes 16 ans et jusqu’à la fin de mes études universitaires, j’ai été monitrice puis responsable de camps de vacances pour enfants et adolescents. Je passais presque toutes mes vacances (été comme hiver) avec des amis, à encadrer ces camps sportifs. J’ai également participé à de nombreux camps de vacances en tant qu’enfant. Ceux que j’aimais le plus étaient les camps dans la nature.
c’est …
Permettre aux enfants et aux adolescents d’évoluer dans un environnement où chacun est libre d’être qui il est et respecté dans ses choix me passionnait. Les discussions informelles sur des sujets profonds et intimes que l’on aborde que trop peu à l’école me passionnaient. Et c’est là que commence mon parcours atypique. Bon d’accord! C’est vaste comme passion. Mais avec le recul, cela résume bien tout ce qui m’anime aujourd’hui. Je vous explique…
♦ Suivre ses envies
Que faire alors ?
J’avais un diplôme de vétérinaire et je voulais travailler avec les enfants et les adolescents ! Je ne vous dis pas le nombre de fois que j’ai entendu sur le ton de la plaisanterie : « Les ados, c’est un peu comme les animaux ! »
Ce genre de plaisanteries que beaucoup d’adultes pensent anodines peuvent blesser et laisser des traces qui mettent du temps à partir chez les enfants et les adolescents. Le pouvoir des mots est réel, je pense que nous l’oublions un peu trop souvent.
Lorsque j’ai annoncé haut et fort que je ne voulais pas être vétérinaire, la pression sociale est réapparue. Même s’ils pensait bien faire, mon entourage continuait de vouloir me faire entrer dans le cadre avec l’étiquette qu’on m’avait collée : « Fais quand même un essai, peut-être que ça va te plaire ! », « Tu risques de regretter si tu n’essaies pas! » … Alors j’ai postulé pour qu’on me laisse tranquille ou peut-être parce que leur peur que je regrette a fini par m’atteindre. Je ne sais pas, mais je n’ai travaillé qu’à 50% en tant que vétérinaire et pour un CDD. J’ai également travaillé à 50% dans la recherche.
… jusqu’au bout !
Au bout de 6 mois, mon contrat arrivait à terme et je suis devenue monitrice dans une MQ (Maison de Quartier) qui correspond aux MJC (Maisons des jeunes et de la culture) en France. Voilà! Je faisais enfin ce qui me plaisait !
Pourquoi, je vous raconte tout ça ? J’espère, par mon expérience, démontrer qu’il est important de laisser les enfants, ados et jeunes adultes faire ce qui leur plait. Car vous aurez beau les mettre dans des cases ou leur coller des étiquettes (souvent inconsciemment), un jour ou l’autre, ils voudront s’en défaire. La plupart du temps, cela arrive à 40 ans (la crise de la quarantaine) pour notre génération et les plus anciennes. Les enfants d’aujourd’hui décollent bien plus rapidement les étiquettes qu’on essaie de leur coller.
Avec l’équipe d’animateurs, j’accueillais les adolescents dans un espace de rencontre ou chacun est libre de faire ou dire ce dont il a envie dans le respect des autres et du matériel.
J’ai pu découvrir toute la complexité du métier. A la fois conseillère, éducatrice, animatrice, confidente ou personne dont on teste les limites. J’avais envie d’aider. Voire de sauver tout le monde. Mais chacun a ses propres expériences à faire et j’ai vite appris à être là pour ceux qui en avaient besoin et à laisser les autres se confier plus tard ou pas. Rien qu’un regard croisé ou un sourire sont déjà beaucoup dans la journée de certains ados.
♦ Puis, le besoin de voyager
A découvrir dans : « Mon parcours atypique et ses avantages #2 »
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♦ Première partie de mon parcours professionnel atypique : conclusion
En conclusion de cette première partie, j’aimerais vous rappeler que même si un enfant effectue son parcours scolaire classique et avec succès, cela ne veut pas dire qu’il suit réellement ses envies profondes.
Je vous propose de prendre quelques minutes dans la semaine pour permettre aux enfants que vous accompagnez de parler de leurs rêves. De les écouter avec intérêt et de les encourager à les suivre.
» Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ! » Mark Twain
Qu’en pensez-vous ?
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