Quelles différences entre pédagogies alternatives et classiques ?

Salle de classe 2000

Quelles différences entre pédagogies alternatives et classiques ?

Qu’est-ce qu’une alternative ?

Une alternative est une solution de remplacement, une autre option.
Mais une solution pour remplacer quoi ?

Qu’est-ce qu’une pédagogie alternative ?

Pour définir ce qu’est une pédagogie alternative, il est plus facile de dire ce qu’elle n’est pas. Car des pédagogies alternatives, il y en a de toutes sortes.

La pédagogie alternative est donc une autre option à la pédagogie classique. Je préfère parler de pédagogie alternative et de pédagogie classique que d’école alternative ou classique, car dans une même école, il peut y avoir des enseignants qui appliquent une pédagogie alternative ou non ou encore un mélange des deux.

Les enseignants qui arrivent à mettre en place une pédagogie alternative dans une école classique sont très méritants. En effet, le système qui demande d’appliquer un programme et des horaires spécifiques ainsi que des évaluations régulières amène les enseignants à user de beaucoup de créativité pour offrir une autre pédagogie aux élèves.

Voici une salle de classe dans les années 1900 :

Aujourd’hui, il existe encore des classes qui ressemblent à celles d’antan :

Ces photos ont plus de 100 ans d’écart et se ressemblent malheureusement fortement. C’est ce qu’on appelle dans le jargon des enseignants, un enseignement frontal. Parce que l’enseignant fait front à la classe.

  • Le professeur est debout (ou assis en hauteur) et fait front aux élèves qui sont assis sur leur chaise.
  • L’enseignant parle et les élèves écoutent ou répondent aux questions du professeur.

Avant de comparer ces deux systèmes, j’aimerais rappeler que les enseignants romands sont tenus de suivre le plan d’étude romand (PER). C’est-à-dire que leurs élèves doivent atteindre un certain niveau de compétence à un instant T de leur scolarité. Le PER est divisé par cycle de deux ans. C’est-à-dire que les élèves ont deux ans pour atteindre ce niveau.

Mais cela est théorique. En pratique, il arrive fréquemment que les enseignants subissent des pressions soit de leur hiérarchie, de leurs collègues, des parents d’élève ou se mettent eux-mêmes la pression. Les objectifs sont tellement vastes et nombreux, que l’on presse les enfants pour les atteindre. En réalité, il est possible de faire autrement, mais pour cela il faut de l’expérience et je connais des enseignants (ils sont malheureusement encore trop rares) qui arrivent à appliquer une pédagogie plus proche des besoins de l’enfant dans une école classique.

Pour la comparaison de ces deux systèmes, je donne plusieurs points, assez extrêmes et tirés de classes existantes et actuelles. On ne rencontre pas forcément tous les points en même temps dans une classe.

Il est important de souligner que les enseignants n’ont pas l’obligation de mettre en place tous les points donnés dans le système classique, mais qu’ils se retrouvent dans la majorité des classes. Je vois plusieurs explications à cela : certains enseignants enseignent comme ils le faisaient il y a 30 ans. Les jeunes enseignants font comme leurs collègues plus âgés. Comme leur hiérarchie leur demande. Pour satisfaire les parents d’élèves. Certains souhaiteraient faire autrement, mais cela demande tellement de temps et d’énergie, qu’ils n’y arrivent pas.

Le système classique :

1. Il met l’accent sur certaines matières dites académiques, comme les langues, les mathématiques, l’histoire, la géographie et parfois les sciences. Cela rend l’école inéquitable, car le potentiel des enfants plus créatifs, qui ressort dans les arts, la musique, le bricolage ou leur incroyable énergie que l’on sent dans un moment de sport ou de jeu n’est que trop peu valorisé.

2. Les travaux d’élève sont notés ou évalués avec des appréciations dès 4 ans ! Elles sont fréquentes (plusieurs pas semaine pour les plus grands) et se déroulent au même moment pour tous les élèves de la classe. Les évaluations ainsi données sont source de stress pour les enfants. Cette pression ne leur permet pas d’apprendre comme ils en sont capables dès leur plus jeune âge. Un enfant apprend tous les jours, mais chaque stress diminue les possibilités de créer des connexions neuronales.  C’est ce que démontrent les recherches en neurosciences affectives et qui est expliqué par Catherine Gueguen, pédiatre, dans cette vidéo:

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3. Les enfants sont dans une classe avec des élèves du même âge et les petits ne peuvent pas toujours côtoyer les plus grands lors des récréations, car les préaux sont souvent séparés. S’il n’y a qu’un seul préau, les zones de jeux sont fréquemment délimitées à certains âges. Ainsi, les enfants d’âges différents ne se connaissent pas (ou peu). Cela peut engendrer des peurs ou des idolâtries. Les petits ont peur des grands ou veulent être comme eux et seraient prêt à faire n’importe quoi pour leur plaire comme à leur donner plus que ce qu’ils ne veulent donner (je parle effectivement du racket).

4. Tous les élèves font le même programme. Et s’il est difficile à certains de suivre le rythme de la classe, il est courant qu’ils soient suivis par des spécialistes afin de détecter une dyslexie, un trouble de l’attention ou autre étiquette que l’on donne facilement aux enfants sans se poser la question si la pédagogie employée est adaptée ou non. Pourtant, il est évident que chaque enfant possède son propre rythme d’apprentissage et que 25 élèves ne peuvent pas suivre le même programme à la même vitesse.

5. Si le châtiment n’est plus corporel comme il y a 100 ans, les punitions et les effets psychologiques qu’elles induisent sont toujours d’actualité. Elles peuvent aller de la phrase à recopier 10-20-100 fois à la fiche de réflexion qui, si elle est efficace la première fois, ne l’est plus avec les élèves qui remplissent leur 10e fiche mécaniquement. Cette dernière devient alors une corvée au lieu d’une introspection constructive. La punition permet de gérer la discipline par la menace. Ce qui est néfaste pour le développement de l’enfant (voir la vidéo ci-dessus).

6. Dans la même idée, si le bonnet d’âne n’existe plus, la stigmatisation est toujours bien présente. Des pincettes avec le prénom de l’enfant montent et descendent au gré du comportement souhaité ou non de l’élève par le maître. Et ceci à la vue de tous. Ainsi l’élève qui se comporte « mal » est dessous, dans le rouge, dans le nuage ou l’éclair ou encore dans le lion qui est fâché. Et cet enfant fera tout pour remonter, surtout quand il est petit. Car plaire à sa maîtresse ou son maître (à cette personne qui passe tant de temps avec lui!) est primordial. Souvent, les autres élèves lui font remarquer que lui, il est encore dans le rouge. « Ne te moque pas de tes camardes ! », entendons-nous parfois. Mais n’est-ce pas inciter à la moquerie que d’afficher bien en évidence celui qui n’a pas été « gentil » ?

 

La pédagogie alternative:

Contrairement à la pédagogie classique, en pédagogie alternative, les leçons ne se font pas en frontal, mais l’enseignant prend plus le rôle d’un guide ou d’un accompagnateur. Les élèves se déplacent librement au gré de leurs envies et projets. Cette vidéo montre comment la pédagogie alternative peut s’insérer dans l’école publique :

 

A présent, je vous évoque quelques points, non exhaustifs, qui apparaissent dans plusieurs pédagogies alternatives, afin d’illustrer les différences avec la pédagogie classique. Comme évoqué auparavant, les pédagogies alternatives varient et ne remplissent donc pas forcément tous les points suivants.

1. Toutes les matières ont la même valeur. Ou plutôt la valeur que chaque enfant souhaite lui donner. Ainsi, dans une pédagogie alternative, l’enfant peut tout explorer : de la littérature aux insectes, de la peinture sur bois à la physique ou encore des fleurs qui poussent dans le jardin à l’italien. L’enfant donnera de la valeur à ce qui l’intéresse et se donnera de la valeur en apprenant chaque jour de ses expériences.

2. Il n’y a pas d’examen et encore moins de note. L’évaluation se fait à travers l’expérimentation et les essais-erreurs qu’elle induit. Ceci dans l’enthousiasme et sans stress. Car si le stress est inhibiteur de l’apprentissage, l’enthousiasme lui est un moteur. André Stern en est la preuve vivante et s’est entouré de docteurs en neurobiologie pour le démontrer. « L’enthousiasme, cet engrais qui fait fleurir l’enfance » : conférence d’André Stern.

3. Le multiâge ou la classe unique : les élèves, parfois de 4 à 18 ans, sont ensemble. Cela permet l’entraide, la connaissance et la reconnaissance des autres élèves. Les petits apprennent en regardant les grands et ces derniers renforcent leurs apprentissages en expliquant aux plus jeunes. La curiosité est activée. La collaboration se développe et devient même source principale d’apprentissage. Les nombreuses interactions quotidiennes donnent lieu à des discussions et à des observations sur les valeurs sociales, comme dans la vie de tous les jours entre les adultes. Ces enfants apprennent comment se comporter en société tout en se respectant et en respectant les autres.

4. L’apprentissage se fait au rythme de chaque enfant. Comme il n’y a pas, selon les écoles, de programme à suivre ni de nombre d’heures de disciplines scolaires à respecter, chaque enfant apprend à son rythme. Cela permet de comprendre pour aller plus loin. Un enfant ne se lancera pas dans un apprentissage trop difficile pour lui ou trop facile, car dans les deux cas, cela va l’ennuyer. Ainsi l’enfant sait ce qui est juste pour lui et à quel moment. L’enseignant est là pour lui proposer son aide, lui proposer de nouvelles informations, mais c’est à l’enfant de décider si cela lui convient ou non. En laissant aux enfants cette chance de s’écouter depuis petit, ils développent de plus en plus cette capacité à savoir ce qui est bon pour eux. Dans le jargon de l’enseignement, nous appelons cela la ZPD (Zone Proximale de Développement) : c’est la zone dans laquelle se situe une tâche assez complexe tout en étant abordable afin de motiver l’élève. Nous apprenons, dans la formation d’enseignant, à créer des tâches de la sorte. Mais, comment créer une tâche ou même plusieurs qui répondent à 20 ou 30 ZPD différentes? Chaque enfant est unique. Apprenons aux enfants à s’écouter. Sans avoir fait d’études de pédagogie, ils savent quelle est leur ZPD.

5. Les punitions ne font pas partie des pédagogies alternatives. La discussion, la gestion de conflit à travers la communication non violente par exemple ou la médiation sont quelques-uns des nombreux outils à disposition pour aider les enfants à gérer les conflits. Ces méthodes et d’autres activités sur les émotions, la gratitude, la méditation, l’écoute de soi sont des aides précieuses pour apprendre aux enfants à gérer leurs émotions. D’abord à les reconnaître, puis à les exprimer dans le respect de l’autre et dans un objectif de bien vivre ensemble.

6. Les erreurs et les conflits font bien entendu partie des pédagogies alternatives comme dans la vie. Mais ils ne sont pas stigmatisés, ils sont même valorisés et utilisés pour apprendre. Comme le dit l’expression « qui ne tente rien n’a rien », l’erreur fait partie de l’apprentissage. Combien d’essais-erreurs a-t-il fallu avant de créer les plus grandes inventions de ce siècle dernier ? Et les conflits ? Un conflit ne veut pas forcément dire une bagarre, des cris, des larmes. Un conflit est là dès l’instant où nous ne sommes pas d’accord avec une personne ou si nous ne sommes pas en accord avec nous-mêmes. S’écouter permet de déceler ce qui nous dérange, cette sensation, cette émotion. Et si nous avons appris à mettre des mots dessus, il est possible de l’exprimer de façon à être compris et à trouver une solution.

Il existe diverses écoles qui pratiquent les pédagogies alternatives. Certaines de ces pédagogies sont apparues il y a des dizaines d’années, comme la pédagogie Freinet, Montessori, Steiner ou Sudbury. Actuellement, de nombreuses écoles s’ouvrent (surtout en France) et s’inspirent de ces pédagogies. Les pays du Nord, comme la Finlande, ont réussi à transformer leur pédagogie dans le domaine public en laissant une grande marge de manoeuvre aux enseignants.

Parfois, les parents n’ont pas la chance d’avoir une telle école près de chez eux ou un tel enseignant auprès de leurs enfants. Certains décident alors de déscolariser leurs enfants afin de les instruire en famille (ce qui est possible dans certains pays).

Je vous souhaite de trouver pour vos enfants la pédagogie qui correspond à leurs besoins et à laquelle vous adhérez.

Si ce n’est pas encore le cas, rappelez-vous qu’il est important de soutenir votre enfant quoiqu’il arrive et de l’écouter. Il existe des outils pour vivre au mieux un passage difficile dans une école ou avec un enseignant qui n’utilise pas la pédagogie adaptée à votre enfant.

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Bien à vous.

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Vanessa Beauverd
Fondatrice d'Ecole & Bien-être et créatrice des Ateliers E&B
Ex-enseignante primaire et éducatrice ados
"C'est en étant bien avec soi-même que l'on peut être bien avec les autres et le monde.
Apprendre à se connaître est la première étape."
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