Podcast: Play in new window | Download (Duration: 10:10 — 8.0MB)
Abonnez-vous gratuitement sur : RSS
Voilà plusieurs mois que je souhaite écrire un article sur la Communication Non Violente.
Je me suis formée et continue de le faire parce que ce processus, élaboré par Marshall Rosenberg (inspiré par la psychologie humaniste de Carl Rogers), est une clé simple et pratique pour un monde meilleur. D’autant plus, si elle est apprise dès le plus jeune âge.
C’est pourquoi, si vous êtes parents, enseignants ou tout autre acteur en lien avec les enfants, il est primordial que vous lisiez cet article.
La Communication Non Violente (CNV) permet d’exprimer ses émotions, de découvrir ses besoins fondamentaux et de formuler une demande en toute authenticité, dans le respect de soi et de l’autre.
Qu’est-ce que la CNV ?
Une pratique du langage qui conserve notre qualité d’empathie, c’est-à-dire de présence et d’écoute, même dans des conditions difficiles. Marshall Rosenberg a utilisé et développé ce langage avec des prisonniers et leurs victimes. Ce dernier définit lui-même la CNV comme « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant ».
La CNV nous amène à être plus conscients de nos émotions, sentiments et besoins ainsi que de ceux des autres. Ceci afin de pouvoir communiquer de manière claire et respectueuse ; de pouvoir faire des demandes sans qu’elles soient des exigences.
Un processus connu en quatre points (OSBD), mais qui en comporte cinq
Il existe un premier point à appliquer avant l’OSBD.
On entend souvent dire que nous ne devons pas juger, que le non-jugement est la clé d’une communication non violente. Mais nous sommes des êtres humains et nous jugeons régulièrement, à moins d’être à un très haut niveau d’évolution. Nous nous jugeons nous-mêmes et nous jugeons les autres.
La première étape de la CNV est d’accueillir ses jugements :
Sur nous-mêmes : « Je suis nul », « Je ne vais jamais y arriver », « La vie est trop dure » …
Sur les autres : « Il est égoïste », « Elle se croit la meilleure de toutes », « Il est bête » …
Derrière ces jugements se cache un besoin fondamental non satisfait et le découvrir est la clé de la CNV!
Les jugements peuvent, bien entendu, être agréables : « Je suis fort », « Elle est persévérante », « La vie est belle ». Derrière ces jugements, vous trouverez un besoin satisfait.
Une empathie d’abord pour soi :
Lorsque vous sentez que la colère monte, que vous ressassez une situation en boucle, que vous n’en pouvez plus, pratiquez alors l’auto-empathie :
Tout d’abord : accueillir ses jugements et ses pensées. Puis l’OSBD :
- OBSERVER : identifier le facteur déclenchant
- Quels sont les faits ?
- Qu’est-ce que j’ai vu ?
- Qu’est-ce que j’ai entendu ?
- Quels sont les faits ?
- SENTIMENTS, EMOTIONS
- Comment je me sens, là, maintenant en repensant à ce facteur déclenchant ?
- Quels sont les ressentis dans mon corps ?
- BESOINS
- Quels besoins non satisfaits ont généré ces sentiments, ces émotions : sécurité, paix, harmonie, calme, créativité, respect … ? Lorsqu’on dit non à une situation engendrant un sentiment désagréable, on dit oui à un besoin non satisfait.
- DEMANDE : l’exprimer sans exigence. Accepter que l’autre puisse la refuser ou la négocier.
- Quelle demande est-ce que je souhaite formuler maintenant pour moi-même ou pour l’autre ? Même si je ne le fais pas après. Parfois, rien que le fait d’exprimer sa demande peut résoudre une situation, tout comme le fait de reconnaître son besoin. C’est à dire, que l’on peut être soulagé et capable de passer à autre chose au point 3.
- Quelle petite action est-ce que je peux entreprendre tout de suite pour prendre soin de mon besoin ?
Communiquer l’OSBD :
Une fois que l’on est au clair avec ce que l’on ressent, notre besoin et notre demande, nous pouvons la communiquer à l’autre en toute bienveillance et en acceptant que notre demande peut être refusée.
Exemple :
O : « Ce matin à la récréation, quand tu m’as pris mon goûter sans me demander,
S : … j’ai ressenti de la peur/colère/tristesse
B : … parce que j’ai besoin de me sentir en sécurité à l’école.
D : Peux-tu manger uniquement ton goûter ou me demander si je suis d’accord de partager le mien ? »
La demande se fait sous forme affirmative et non négative: on ne dira pas : « Peux-tu arrêter de prendre mon goûter sans me demander ? »
La raison est que le cerveau ne retient pas la négation et « prendre mon goûter » sera le message retenu, ce qui n’est pas le but (c’est également pourquoi les consignes doivent être données sous forme affirmative !).
Empathie pour l’autre :
- OBSERVER : identifier le facteur déclenchant
- Quels sont les faits qui déclenchent son envie de s’exprimer ?
- Qu’est-ce qu’il a vu ?
- Qu’est-ce qu’il a entendu ?
- Quels sont les faits qui déclenchent son envie de s’exprimer ?
- SENTIMENTS, EMOTIONS
- Comment il se sent, là, maintenant en repensant à ce facteur déclenchant ?
- Quels sont ses ressentis dans son corps ?
- BESOINS
- Quels besoins non satisfaits ont généré ces sentiments, ces émotions ?
- DEMANDE
- Quelle demande souhaite-t-il formuler maintenant pour lui-même et/ou pour l’autre ou pour moi ?
- Quelle petite action peut-il entreprendre tout de suite pour prendre soin de son
besoin ?
La communication non violente demande donc aussi une acceptation non violente du langage de l’autre.
Un outil à apprendre aux enfants
Il est important de savoir que les enfants, jusqu’à 6-7 ans, n’ont pas les connexions neuronales qui leur permettent de raisonner face à une émotion. Ils ne peuvent pas gérer leurs émotions comme nous pouvons le faire. J’en parle dans cet article.
C’est pourquoi, vous pouvez parfois entendre des propos très cinglants face aux autres comme : « Je ne t’aime pas », « Je ne veux plus jamais te voir », « Tu n’es plus ma maman » …
Ces mots peuvent faire mal, mais il faut comprendre qu’ils sont uniquement le reflet d’un besoin non comblé.
Par exemple, un enfant à qui l’on dit non à un jouet qu’il voulait dans un magasin et qui pique une crise ne se sentira pas écouté si nous le punissons ou lui disons simplement de se taire ou de ne pas nous parler ainsi.
En reconnaissant son besoin, il se sentira écouté et apaisé.
Par exemple, nous pourrions ainsi lui dire :
« Je vois que tu es en colère parce que tu aurais tellement voulu ce jouet pour pouvoir jouer. A la maison, nous prendrons un moment pour jouer ensemble ».
Bien entendu, cela ne fonctionnera peut-être pas du premier coup, car il est parfois difficile de trouver le réel besoin de l’enfant. Avec la pratique, vous y arriverez et votre quotidien s’en trouvera amélioré.
De plus, votre enfant apprendra ainsi le vocabulaire lié aux émotions et pourra l’utiliser afin de vous donner les clés pour remplir son réel besoin.
Cela prend du temps et permet d’en gagner par la suite. Prenez le temps de gérer ces crises. Il y en aura moins et vous aurez plus de temps de qualité avec vos enfants. Vous trouverez de plus en plus rapidement les mots. Ce qui est merveilleux, c’est que vos enfants prendront l’habitude de ce fonctionnement, ce qui l’amènera à le développer par lui-même. Vous serez ainsi surpris par sa capacité à être en empathie avec vous et à comprendre vos besoins.
Là aussi, vous avez un rôle de modèle. Exprimez vous-même vos besoins sans exigence envers l’autre.
Par exemple au lieu de dire à vos enfants « Arrêtez de crier », dites-leur :
« Je vois que vous avez besoin de jouer, mais quand vous criez, je ressens du stress et en ce moment, j’ai besoin de calme. Pourriez-vous parler à voix basse – aller jouer dans l’autre pièce … ? »
Au début, cette façon de communiquer peut vous paraître bizarre et artificielle, mais c’est en la pratiquant que vous arriverez à l’intégrer dans votre langage de tous les jours.
Et plus elle sera enseignée tôt, plus elle sera dans le langage courant.
C’est en cela que de nombreuses personnes cherchent à former de plus en plus de monde à ce type de communication.
En exemple : voici une vidéo de TEDx dans laquelle Catherine Schmider nous expose pourquoi elle en est venue à oeuvrer pour la formation en communication non violente en partant de son travail d’enseignante en éducation physique et sportive.
Catherine Schmider reprend une citation de Gandhi dans son talk :
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde »
Ainsi, si vous souhaitez voir les gens communiquer de façon non violente, pratiquez là 🙂
Pour plus d’informations sur la CNV et les formations données, vous pouvez aller voir les sites suivants :
http://www.cnvc.org, http://nvc-europe.org, www.cnvsuisse.ch
Marshall Rosenberg a publié de nombreux ouvrages sur la CNV.
Si vous n’avez pas encore lu de livre à ce sujet, je vous conseille de commencer par celui-ci (Si vous passez par ce lien pour acheter le produit, je touche une mini commission et vous payez le même prix qu’en passant directement par Amazon. Merci pour votre contribution :-)) :
💡 Dites-moi dans les commentaires quelle première action vous pourriez mettre en place dans votre vie personnelle ou professionnelle et donnez ainsi des idées aux autres lecteurs pour se lancer.
Avez-vous aimé cet article ? Partagez-le autour de vous. Cela sera une première étape à la diffusion de la communication non violente.
Bien à vous,
J’ajoute un lien vers un article qui propose une vision nuancée de l’apport de la CNV à l’école. Je rejoins l’auteure qui nous dit qu’il est important de faire confiance à l’intuition des enfants ! Ils ont toutes les réponses en eux et n’ont pas forcément besoin de suivre le « protocole » CNV : http://www.vivrelibre.net/communication-non-violente-a-lepreuve-reel/
Coucou vanessa
J ai lu certains articles que je trouve intéressants. J ai aussi suivi une formation dp avec le Dip et un petit peu de pnl. Je trouve que c est toujours difficile de mettre en pratique les outils. C est un peu comme corriger des mauvaises habitudes entre la théorie et la pratique! Je voulais juste savoir si tu l avais pratique en tant qu enseignante ? Salutations marina mino
Salut Marina,
Merci pour ton commentaire 🙂
Je te rejoins sur le fait qu’il n’est pas toujours facile de mettre en place les outils en classe. Selon moi, il est important de se les approprier d’abord. C’est-à-dire de comprendre l’outil et de l’adapter à soi et à sa classe. A ses propres valeurs et aux besoins des élèves.
J’ai pratiqué la CNV en tant qu’enseignante, l’ai partagé avec mes élèves et le pratique dans ma vie privée autant que je peux.
Si tu as d’autres questions ou souhaites approfondir celle-ci, je me ferai un plaisir de te répondre.
A bientôt,
Vanessa
[…] vous propose d’aller lire l’article que j’ai fait sur la Communication Non Violente qui explique les bases. Vous verrez ainsi les étapes OSBD, si vous ne les connaissez pas […]